Le Rêve du Shaykh Al-Mufid

 

Shaykh Al-Mufid est un éminent théologien Chiite duodécimain, né en 338 hég., près de Bagdad.

Al-Karajaki rapporte qu'un jour Sheikh Mufid raconta l'un de ses rêves à ses compagnons et disciples : Il dit : J'ai rêvé que je traversais une rue et je vis une grande foule assemblée autour de quelqu'un. J'ai questionné les gens et on m'a dit qu'il s'agissait d'Umar Ibn al-Khattab, le deuxième calife. Je me suis alors faufiler parmi eux, jusqu'à arriver devant lui. Je lui ai dit :
- Ô Shaykh, puis-je vous poser une question ?
- Tu peux, répondit Umar.
Je lui ai alors demandé : Pouvez vous m'expliquer comment est établi l'excellence de votre ami Abu Bakr dans le verset où Allah dit : "deuxième de deux, quand ils étaient dans la grotte" ? Tes amis s'en enorgueillissent un peu trop.

Le verset en question est le suivant :

"Si vous ne lui portez pas secours... Allah l´a déjà secouru, lorsque ceux qui avaient mécru l´avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu´il disait à son compagnon: "Ne t´afflige pas, car Allah est avec nous." Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité "Sa sakina" et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas. Il abaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la parole d´Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage." (Coran 9.40)

 

Umar répondit : "Ce verset prouve l'excellence d'Abu Bakr de six manières :
1- Allah mentionne le Prophète, paix sur lui, puis mentionne Abu Bakr avec lui, comme le deuxième de deux.
2- Allah mentionne qu'ils sont ensemble en un seul lieu ; ce qui est un signe d'une affinité mutuelle.
3- Allah précise la qualité de la personne en le désignant "Sahib", du Prophète. (compagnon)
4- Allah raconte comment le Prophète rassurait et consolait Abu Bakr en lui disant : "Ne t´afflige pas"
5- Lorsque le Prophète affirma à Abu Bakr que "Allah est avec nous" cela signifie qu'Allah va les aider tous les deux.
6- Allah a révélé qu'Il va descendre sa "Sakina" sa sérénité sur Abu Bakr, car concernant le Prophète, la Sakina ne le quittait pas.

Ce sont là les six preuves de l'excellence d'Abu Bakr mentionnés dans ce verset.

 

Le Sheikh Mufid raconte : Je lui ai dit qu'il avait effectivement fourni un bel effort pour expliquer son point de vue, et qu'il n'a oublié aucun élément qu'auraient pu ajouter les autres défenseurs de son ami. Mais j'allais détruire ces arguments de la même manière que la cendre se fait emporter par le vent !

Le Sheikh dit à Umar :

1. « Lorsque vous dites qu'Allah a mentionné le Prophète, paix sur lui et sa descendance, et Abu Bakr comme son Second, je ne vois rien d'extraordinaire à cela. Si vous méditez mieux, vous verrez qu'Allah n'a fait que révéler le nombre de personne dans la grotte. Ils étaient deux. Ils auraient pu être croyant ou mécréant, ils seraient toujours que deux. »

Réfutation n° 1 :

Sheikh al-Mufid ne voit aucun honneur à ce que seulement deux personnes se retrouvent ensemble dans un lieu où un miracle s'est produit et à un moment historique qui va marquer le début du calendrier islamique. Le Prophète n'a pris aucun autre compagnon excepté Abu Bakr pour ce grand voyage que fut son émigration vers Médine. Il aurait pu choisir n'importe qui d'autre, mais il a choisi son plus fidèle ami, Abu Bakr, "le deuxième de deux", qui fut protégé avec le Prophète par une araignée qui tissa sa toile à l'entrée de la grotte.

 

2. « Et lorsque vous évoquez le fait qu'ils étaient ensemble au même lieu, c'est la même chose que précédemment. S'il n'y avait qu'un seul lieu, il aurait pu être occupé aussi bien par un croyant et un mécréant. La mosquée du Prophète est certainement un lieu meilleur que la grotte, et elle fut occupée aussi bien par des croyants et des hypocrites. L'arche de Noé a transporté aussi bien Noé, Satan et les animaux. Alors être ensemble en un même lieu n'est pas une vertu. »

Réfutation n°2 :

Sheikh al-Mufid et les Chiites ont un mal fou à accepter le fait que c'est Abu Bakr qui fut dans la grotte avec le Prophète. Imaginons que le Prophète aurait demandé à Ali de l'accompagner dans son voyage et à Abu Bakr de le remplacer dans son lit, les Chiites auraient alors dit : Regardez comment le Prophète s'est séparé d'Abu Bakr (sacrifiable) et comment il aimait Ali à tel point qu'il le choisit pour sa Hijrah historique. Dans leurs malhonnêtetés, les Chiites n'admettront jamais que le Prophète accorda un honneur à Abu Bakr.

Ils ont préféré utiliser un argument absurde : ils prétendent que le Prophète a prit Abu Bakr dans son voyage parce qu'il craignait que ce dernier n'aille raconter aux polythéistes qu'il avait quitté la Mecque, et ainsi il éviterait que les quraishites ne le rattrapent pour le capturer et le tuer. (Les nuits de peshawar)

Acceptons donc un instant l'argument des Chiites. Comment se fait-il donc qu'Abu Bakr resta silencieux lorsque les Qurayshites se tenaient devant la grotte ? Il aurait très bien pu en profiter et crier haut et fort qu'ils étaient cachés ici. Il ne risquait rien car c'était la tête du Prophète qui était mise à prix. De plus, Abu Bakr souhaitait émigrer bien avant le Prophète et c'est ce dernier qui lui demanda de patienter pour être son compagnon de voyage.

 

3. « Et lorsque vous évoquez le fait que le mot "Sahib" montre la qualité de la personne, c'est un argument plus faible que les deux précédents, car un croyant et un mécréant peuvent être en compagnie l'un de l'autre. Allah, le très haut, utilisa le mot "Sahib" dans ce verset : Son (Sahib) compagnon lui dit, tout en conversant avec lui: "Serais-tu mécréant envers Celui qui t´a créé de terre, puis de sperme et enfin t´a façonné en homme ? (Coran 18.37) De plus, nous trouvons dans la langue arabe que le mot "Sahib" peut être utilisé pour désigner celui qui accompagne un âne, et le possesseur d'une épée. Donc, si ce terme peut être utilisé entre un croyant et un mécréant, entre un humain et un animal, et entre un vivant et un objet inanimé, qu'est ce que ce mot a de spécial pour désigner votre ami ? »

Réfutation n° 3 :

Sheikh al-Mufid essayent de démontrer que le mot "sahib" a été utilisé pour désigner des non-croyants dans d'autres versets du coran. Selon lui, il n'y a aucune valeur d'être le compagnon d'un Prophète puisque deux non-croyants furent des sahibs de Joseph dans sa prison.

Si on étudie le contexte du verset de la grotte et tous les soutiens qu'Abu Bakr avait apportés au Prophète avant cet événement, alors le mot "Sahib" que Dieu a utilisé pour désigner Abu Bakr ne peut être interprété que d'une seule manière : un fort lien de proximité et de fraternité entre le Prophète et Abu Bakr.

D'ailleurs les provisions et les deux montures pour l'émigration appartenaient à Abu Bakr. Est ce qu'un "sahib" mécréant aurait pu dépenser ses biens pour le Prophète ou bien un "sahib" vertueux ?

 

4. « Et les mots "Ne t´afflige pas" ne signifient pas le fait d'être consolé. C'était plutôt une déclaration pour interdire un acte. La douleur exprimée par Abu Bakr était soit un acte d'obéissance, soit un acte de désobéissance. Si c'était un acte de d'obéissance, le Prophète ne l'aurait pas interdit, donc cela prouve que c'était un acte de désobéissance, un péché. »

Réfutation n°4 :

Les arguments du Sheikh al-Mufid sont de plus en plus ridicules. N'importe quelle personne mentalement équilibré peut expliquer que lorsqu'on dit à quelqu'un "Ne t´afflige pas" (la tahzan) c'est pour le consoler et le rassurer.

Mais les Chiites pensent plutôt qu'Abu bakr était en train de pleurer dans la grotte, exprès en train de faire du bruit dans le but d'alarmer les Quraishites qui se tenaient à l'entrée. Et alors le Prophète lui aurait dit "Arrête de pleurer", donc un ordre de se taire. D'autre Chiites disent que l'expression "Ne t´afflige pas" prouve la faiblesse de la foi d'Abu Bakr, qui a besoin d'être rassurer.

Mais l'expression "la Tahzan" est utilisé dans le Coran pour rassurer Marie et les Prophètes :
- Marie : Alors, il l´appela d´au-dessous d´elle, [lui disant:] "Ne t´afflige pas. Ton Seigneur a placé à tes pieds une source. (19.24)
- Lot : Ils lui dirent: "Ne crains rien et ne t´afflige pas... Nous te sauverons ainsi que ta famille, excepté ta femme qui sera parmi ceux qui périront. (29.33)
- Muhammed : Endure! Ton endurance [ne viendra] qu´avec (l´aide) d´Allah. Ne t´afflige pas pour eux. Et ne sois pas angoissé à cause de leurs complots. (16.127)

 

5. « Et pour l'expression "Allah est avec nous", le pronom "nous" désigne seulement le Prophète. Le pluriel pour soi-même est utilisé pour les personnes ayant un statut élevé. Allah dit : "Et c´est bien Nous qui donnons la vie et donnons la mort, et c´est Nous qui sommes l´héritier [de tout]." (Coran 15.23) Et les Chiites ont leur propre explication : en réalité, Abu Bakr affirma au Prophète que le chagrin qu'il éprouvait était son inquiétude pour 'Ali (qui fut laissé à la Mecque dans le lit du Prophète), et le Prophète répliqua : "Ne t´afflige pas car Allah est avec nous" , ce qui signifie "Allah est avec moi et mon frère Ali b. Abi Talib." »

Réfutation n°5 :

Sheikh al-Mufid prétend que le pronom "nous" ne désigne que le Prophète et le pluriel utilisé est une expression traditionelle arabe pour montrer le statut élevé de la personne. Mais le pronom "nous" dans le Coran n'est utilisé que pour Allah. Sheik al-Mufid ne trouva aucun passage du Coran où le Prophète aurait utilisé le pronom "nous" pour parler de lui même. Le Prophète aurait pu dire "Allah est avec moi", mais il a dit "nous" Abu Bakr et lui même.

Sheikh al-Mufid change alors subitement d'avis et donne une seconde explication. Selon lui, lorsque le Prophète a dit "Allah est avec nous", il s'agirait en fait de lui et d'Ali. N'importe quelle personne mentalement équilibré qui lirait le verset penserait qu'il s'agit du Prophète et d'Abu Bakr car ils n'étaient que deux dans la grotte.

 

6. « Votre revendication que la "Sakina" a été descendue sur Abu Bakr est vraiment outrageuse. Car le verset dit clairement que la sérénité est venue sur celui qui fut aidé par une force invisible. Le verset dit : Allah fit alors descendre sur lui Sa sérénité "Sa sakina" et le soutint de soldats (Anges) que vous ne voyiez pas. (Coran 9.40) Donc si la Sakina a été descendu sur Abu Bakr, alors il aurait reçu le soutien de ces soldats invisibles. En fait, il aurait été mieux pour vous de ne pas attribuer cela à Abu Bakr.

Selon le Coran, cette sérénité a été descendue deux fois sur le prophète : "Puis, Allah fit descendre Sa quiétude [Sa "sakina"] sur Son messager et sur les croyants. Il fit descendre des troupes (Anges) que vous ne voyiez pas, et châtia ceux qui ont mécru. Telle est la rétribution des mécréants." (Coran 9.26)

Puis Allah fit descendre Sa quiétude sur Son Messager ainsi que sur les croyants, et les obligea à une parole de piété... (Coran 48.26)

A ces deux versets, les croyants ont partagé la sérénité avec le Prophète, mais dans la grotte, la sérénité n'a été descendue que sur le Prophète, à l'exclusion d'Abu Bakr. Cela peut être un indice sur le fait qu'Abu Bakr n'était pas parmi les croyants ! »

Réfutation n°6 :

Les Chiites avouent que l'expression "Ne t'afflige Pas" concernait Abu Bakr, donc il est logique que la "sakina" soit descendue Abu Bakr pour faire disparaître son angoisse. Le verset ne montre aucune inquiétude du Prophète mais uniquement celle d'Abu Bakr.

Sheikh al-Mufid n'a pas d'esprit rationnel et n'utilise que la ruse pour donner de nouvelle interprétation à un verset du Coran connu par tous les musulmans et qui prouve l'excellence d'Abu bakr.

 

Sheikh Mufid dit : "Umar n'a donné aucune réponse à mes arguments, et les gens autour de lui se dispersèrent." Le Sheikh se réveilla alors de son sommeil.

source : http://www.najaf.org/english/book/26/2.htm#_Toc436643784

Félicitations au Sheikh al-Mufid pour avoir gagné le débat contre Umar et nous espérons pour lui qu'il a été aussi rusé devant Nakir et Munkir.

 


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